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Président du Département des Alpes-Maritimes
Président de la Communauté de Communes Alpes d'Azur
20/05/2021
Tribune - Notre triple défi : sécurité, justice et emploi

Tribune - Notre triple défi : sécurité, justice et emploi

Notre société se déchire chaque jour un peu plus.

Les repères fichent le camp. Les règles sont bafouées. Le fameux ‘‘vivre ensemble’’ se délite. La montée de la violence nous oblige à une réponse sécuritaire et judiciaire. Mais elle ne suffira pas. Une réponse sociale et éducative s’impose aussi pour résorber les fractures et les ghettos.

La réponse sécuritaire apparaît comme une évidence.
Ceux qui tentent d’accréditer l’idée que nous vivons en dictature
ne convainquent pas grand-monde. On voit bien qu’un consensus
se dégage nettement en faveur de plus d’autorité et de fermeté.

L’Etat doit recruter davantage de policiers et gendarmes.
Il doit, ensuite, mieux les former et mieux les équiper.

Tout en restant le maître des horloges régaliennes, l’Etat peut également s’appuyer sur les polices municipales en leur conférant des prérogatives complémentaires encadrées, de façon à élargir le continuum de sécurité.

Les forces de sécurité ont, en outre, besoin d’une reconnaissance qui ne
se résume pas à des bisous enamourés aux CRS après un drame national.
Elle passe par l’affirmation forte que la police n’est pas l’ennemie décrite
par quelques-uns, qui font d’une poignée de brebis galeuses une généralité.

En vingt ans, les agressions de policiers ont été multipliées par deux.
La remise en selle de forces de sécurité en plein désarroi passe aussi – et
c’est la réponse judiciaire – par une plus grande effectivité des peines et par
des sanctions plus sévères, en particulier pour ceux qui s’en prennent aux policiers. Les places de prison devront, bien sûr, être étoffées à l’avenant.

On voit bien, sur ce sujet judiciaire aussi, que le curseur est en train de bouger.
Face à la montée de la violence, les discours victimaires ne sont plus audibles. Les Français attendent que la justice sévisse sans trembloter.

Ne pas occulter la réponse sociale

Pour autant, les colères avivées par la récurrence de faits divers révoltants ne doivent pas nous focaliser sur les seules réponses sécuritaires et judiciaires.

Elles sont essentielles. Elles ne sauraient être exclusives.

Il faut, en parallèle, travailler à réparer notre société.
Qu’on me comprenne bien : ni dans le sens de l’excuse sociale à tout prix,
ni dans celui de l’assistanat. Mais en rebâtissant une société plus inclusive,
dans une perspective gaulliste : la Nation comme ciment.

Nous ne pourrons faire l’économie, ces prochaines années, de repenser
des cités dont certaines sont devenues des zones de non-droit qui alimentent
l’exclusion et les trafics ; qui exacerbent les haines et l’insécurité.

Ce chantier urbain doit s’accompagner d’un chantier éducatif.
L’éducation est le préalable, la pierre angulaire de toute insertion.
Or, trop de nos enfants sont encore abandonnés en chemin.

Il convient de fortifier la transmission des fondamentaux.
Et, au-delà, de favoriser vraiment l’apprentissage, autrement que dans les discours de circonstance. Il faut le promouvoir davantage, en valorisant des voies d’excellence manuelle qui sont autant de voies d’insertion.

Les chiffres parlent : sept apprentis sur dix décrochent un CDI après leurs études. Mais si l’apprentissage a connu une accélération en France, avec 500 000 contrats signés en 2020, nous restons en retard. L’Allemagne affiche ainsi un taux de chômage des jeunes de 6 %, contre 20 % pour la France.

Nécessité fait loi : des réponses sécuritaires et judiciaires sont aujourd’hui impératives et urgentes pour recoudre une société en déliquescence.
Mais elles ne pourront s’exonérer d’une réponse sociale, au premier
chef éducative, tout aussi capitale pour la cohésion de notre pays.

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