"Être un élu de la République semble même devenu une circonstance aggravante lorsqu'il s'agit de rendre des comptes à la Nation."
De la prison ferme pour un ancien Président, l’affaire n’est pas anodine.
La condamnation de Nicolas Sarkozy interpelle. Elle laisse un sentiment de malaise prononcé. D’une certaine disproportion, à tout le moins. Il fut un temps, aujourd’hui révolu, où ce genre d’histoire n’aurait jamais encombré les tribunaux. Trop longtemps sans doute, les politiques ont bénéficié d’une impunité exorbitante. Tel n’est plus le cas aujourd’hui.
Être un élu de la République semble même devenu une circonstance aggravante lorsqu’il s’agit de rendre des comptes à la Nation. Nicolas Sarkozy vient d’en faire l’amère expérience, en écopant d’une peine ferme qui paraît bien sévère au trébuchet d’un dossier plutôt creux et nimbé d’un flou persistant.
L’ancien chef de l’Etat n’a rien commis d’irréparable, en regard de tant d’autres délits de droit commun qui semblent parfois bénéficier d’une mansuétude supérieure.
Le tribunal médiatique et ses excès, en accentuant le discrédit dont souffre les politiques, ne contribuent pas, hélas, à une justice sereine et apaisée.
Qu’on ne s’y méprenne pas, les hommes politiques ont à répondre de leurs actes. On les attend exemplaires et irréprochables. Mais la démocratie, déjà bien affaiblie, a besoin qu’ils paient uniquement pour ce qu’ils ont fait, non pour ce qu’ils sont. Ils n’ont pas à être accablés d’un opprobre systématique qui s’apparente à un « délit de faciès ». Après tant d’affaires qui, au cours du demi-siècle écoulé, ont sapé la confiance populaire, la tâche est immense.
C’est pour cela qu’un statut affiné de l’élu est plus que jamais nécessaire à une restauration du lien entre les politiques et les citoyens. L’engagement politique vaut mieux que les caricatures auxquelles certains le réduisent trop souvent. Ceux qui ont encore le courage de se mettre au service de la chose publique, souvent au détriment de leur intérêt personnel et en s’exposant à moult tracas, ne doivent pas être plus découragés qu’ils ne le sont déjà.
La démocratie a besoin d’eux. Faire de quelques écarts la normalité de la vie politique relève d’un mauvais procès. Je fais confiance à la justice pour rétablir, en appel, la juste mesure d’une « affaire » dont le fond apparaît bien mince. Nicolas Sarkozy garde tout mon soutien et toute mon amitié, lui dont la détermination à faire avancer la France et à améliorer la vie des Français a toujours été le moteur.
Charles Ange Ginésy