Confinement des Alpes-Maritimes - Donnez-nous un cap !
On ne dira jamais assez la difficulté de tenir le cap dans la tempête.
Face à cette crise qui bouscule tous les repères, le gouvernement navigue à vue. Il n’est pas le seul. Depuis un an, les certitudes volent en éclats aussi vite qu’elles sont assénées. La pandémie nous apprend l’humilité. Il serait fastidieux, et cruel, de lister les trop nombreux culs-de-sac dans lesquels scientifiques, politiques et commentateurs à boule de cristal se sont égarés.
Je n’ai donc aucune prétention, surtout pas, à défendre une stratégie unique qui relèverait de la panacée. Protéger sans paralyser ni désespérer, la tâche tient du funambulisme. A défaut de solution miracle, il n’est qu’une méthode sur laquelle s’appuyer : bon sens, pragmatisme et acceptabilité.
Mais, plus que tout, il faut de la lisibilité, pour faire entendre et appliquer les mesures nécessaires par des Français désabusés et déboussolés. C’est là que le bât blesse aujourd’hui : le gouvernement donne le sentiment d’improviser ses décisions à la dernière minute, sans réel fil directeur.
Ainsi du reconfinement des Alpes-Maritimes pour quatre semaines. Drôle de confinement en vérité, dont la cohérence n’apparaît pas spontanément. Il est frappé de la tare de la confusion. A vouloir resserrer encore la vis d’une main tout en évitant d’exaspérer, en relâchant donc la bride de l’autre, l’exécutif s’expose à un double écueil : l’incompréhension et l’inefficacité.
La possibilité de s’aérer sans limitation de durée va certes dans le bon sens. Nos concitoyens ont un besoin vital de s’oxygéner le corps et l’esprit. Ce n’est pas en se baladant sur une plage ou en forêt que l’on court un grand risque de contamination, au contraire. Le gouvernement a fini par s’en convaincre. II admet implicitement que la transmission du virus reste marginale à l’extérieur. Dommage que ce soit si tardivement. Les domaines skiables auraient pu fonctionner cet hiver sans faire flamber les contaminations. Le mal est fait.
Et la mise en bière de notre tissu économique, hélas, se poursuit.
La fermeture des commerces dits « non-essentiels » est un nouveau coup de massue que rien ne justifie. A qui fera-t-on croire que l’on risque plus de se contaminer chez un fleuriste que dans une grande surface grouillante ? Je regrette cette énième mauvaise manière faite aux commerçants. Notre économie ne pourra, indéfiniment, vivre d’aides au coût vertigineux.
Je regrette d’ailleurs que Jean Castex ait annulé sa venue dans les Alpes-Maritimes vendredi. Nous, élus locaux, avions tant de choses à lui dire.
Le gouvernement multiplie les effets de manche sur la territorialisation des décisions. En pratique pourtant, il consulte encore trop peu les élus, rarement écoutés et qui découvrent les arbitrages devant leur télé.
Dans notre département, le reconfinement intervient à contre-temps, au moment où les indicateurs de tension régressent, à l’inverse de Paris. A minima, il faut donc que l’Etat prenne désormais en compte l’évolution de la situation pour un ajustement au plus près de la réalité, chaque semaine.
La souplesse s’impose, couplée à la territorialisation. En contrepartie, il faut accélérer la vaccination. Le taux de vaccination de 14 % des Maralpins reste insuffisant. Si le gouvernement étoffe sa dotation en vaccins, le Département est en ordre de bataille pour multiplier immédiatement la vaccination par deux, voire davantage, grâce à ses centres dédiés et à ses équipes mobiles.
En un an, le gouvernement n’a pas réussi à augmenter les capacités de réanimation ni à former davantage de médecins réanimateurs. Cette incurie en dit long sur les blocages de notre pays. Il faudra rapidement s’y pencher pour gagner en réactivité. En attendant, l’urgence sanitaire, économique, sociale et psychologique commande de donner plus de tonicité au système médical, en associant par exemple les cliniques privées à l’accueil de patients en réanimation. Elles pourraient en recevoir au moins 2 000 dans l’Hexagone.
Face à cette pandémie, répétons-le, la solution miracle n’existe pas.
Mais le gouvernement a une obligation : prendre le pouls des territoires et leur donner les moyens de vacciner à tour de bras. Pied à pied, en faisant preuve de constance et d’efficacité, ce n’est qu’à ce prix, celui d’un cap clair, que nous retrouverons, enfin, le chemin de la liberté.