Les Alpes-Maritimes ne sont toujours pas à vendre
Emmanuel Macron est décidément incorrigible !
Ses postures d’homme de dialogue masquent mal des idées fixes.
Ainsi de sa volonté de fusionner départements et métropoles.
Au début du quinquennat déjà, il avait essayé de torpiller la démocratie de proximité en tentant de rayer certains départements de la carte, au profit d’une métropolisation à marche forcée.
La levée de boucliers des élus locaux l’avait alors dissuadé de pousser plus avant son projet. Tout autre que lui aurait retenu la leçon.
Pas Emmanuel Macron. Accroché à ses certitudes, le candidat-président, incroyable d’aplomb, remet le couvert. Une fois de plus, il administre ainsi la preuve de sa profonde méconnaissance de la France des territoires.
Passons vite sur le fait qu’une énième réforme territoriale est tout sauf la priorité pour notre pays. L’urgence est d’abord de régler la question régalienne et de restaurer l’autorité d’un État atrophié.
Mais surtout, il n’est qu’une question qui vaille : qu’apporterait une fusion du Département et de la Métropole, en particulier dans les Alpes-Maritimes ?
Rien, si ce n’est de fragiliser d’autres intercommunalités qui fonctionnent parfaitement, soutenues par le Conseil départemental.
Le succès de notre République s’est construit depuis la Révolution sur le couple communes - Département, qui en constitue aujourd’hui encore le fondement le plus solide, le seul à résister au désamour démocratique. Ce couple a forgé un cadre d’action concret et pertinent.
Les départements sont un échelon connu et reconnu, qui parle aux Français.
Un échelon affectif qui signe une identité, une proximité, une efficacité.
Un échelon d’énergie enracinée, qui trouve une traduction immédiate et directe dans la protection et la qualité de vie des populations.
Le Département est aujourd’hui le garant de l’équité et de la solidarité, au profit d’un aménagement territorial équilibré qui n’oublie personne.
Dans les Alpes-Maritimes, le Département est le premier partenaire, essentiel, indispensable, des maires. Rien ne serait possible sans lui. Il accompagne, notamment, tous les projets structurants dans les zones rurales et fait œuvre de service public dans le haut et moyen-pays.
Si besoin était, les crises récentes - sanitaire, tempête Alex, guerre en Ukraine - ont démontré toute l’utilité du Département et des communes pour agir dans l’urgence, quand l’Etat reste trop souvent empêtré dans ses insuffisances et ses atermoiements.
La France a besoin de plus de décentralisation. Mais celle-ci ne doit surtout pas détricoter la cohésion sociale et aboutir à une reconcentration du pouvoir au profit d’un seul exécutif. Elle serait dangereuse pour la démocratie, l’autonomie des communes et la liberté d’opinion.
Métropoles et départements évoluent dans des registres différents.
Ces deux collectivités sont complémentaires et coopèrent utilement.
La suppression des départements risquerait, en revanche, d’accroître les fractures territoriales et sociales, là où leur engagement est vital pour répondre aux besoins des populations les plus reculées. Plus que de penser à leur tordre le cou, pour de sombres raisons politiciennes et par une incompréhension des réalités de notre pays, il importe au contraire de renforcer les départements.
Que ce soit en matière de santé, de retour à l’emploi ou de prise en charge du grand âge, pour ne citer que ces exemples, c’est en conférant plus de compétences aux départements, échelon incontournable et structurant, que notre pays progressera sur le chemin de l’équité territoriale.
Tout le contraire du projet déconnecté, bureaucratique et parisien d’Emmanuel Macron, Président toujours hors-sol cinq ans après son élection. Comme en 2018, les présidents de Département et les élus locaux, s’il devait être reconduit à l’Elysée, s’y opposeraient avec la plus extrême détermination.