Des moyens pour le grand âge
La vieillesse reste un sujet largement tabou.
Nos anciens se consument et nous regardons ailleurs.
Voir ses parents ou ses proches se flétrir est toujours une épreuve,
d’autant plus douloureuse qu’elle se double d’un effet miroir.
Dans une société où le culte de la jeunesse et du corps fait rage,
avancer en âge revient souvent à se retrouver marginalisé.
Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc. Les cas de maltraitance en EHPAD
qui alimentent l’actualité ne sont, heureusement, pas une généralité.
Nombre d’établissements s’honorent de traiter dignement les seniors.
Il n’empêche. D’ici à 2050, les + de 85 ans auront triplé. Dès 2030,
la prise en charge du grand âge coûtera 10 milliards de plus par an.
Avec la transition écologique, l’allongement de la vie et son revers,
la dépendance, constituent les défis incontournables de ce siècle.
Trop longtemps repoussé, un plan national grand âge devra être
mis en œuvre au plus vite, aussitôt l’élection présidentielle passée.
Des approches complémentaires
La recette miracle n’existe pas. Il faudra conjuguer une pluralité de solutions.
La modernisation des EHPAD, d’abord : le Département des Alpes-Maritimes
a ainsi lancé un grand plan de 55 M€ pour rénover plusieurs établissements,
de manière à y améliorer les conditions d’accueil comme de travail.
Ce plan s’ajoute à l’Appel à projets Smart Deal 2021 en faveur des EHPAD.
De façon très concrète, le Département a financé, pour plus de 500 000 €,
le déploiement de 16 solutions numériques innovantes favorisant la qualité de vie des aînés. Pêle-mêle, ces outils participent à l’amélioration du sommeil, à la stimulation de la mémoire et des sens, à la rééducation motrice et cognitive, à la détection des risques de chute, au resserrement des liens entre résidents…
Dans un registre parallèle, diverses aides humaines et domotiques permettent aujourd’hui de prolonger le maintien à domicile. Il faut amplifier les incitations en ce sens ; continuer aussi à concevoir des foyers d’hébergement
de transition, à mi-chemin entre le domicile et l’EHPAD.
Sans attendre des décisions gouvernementales, le Conseil départemental va, par ailleurs, multiplier les contrôles dans les établissements médico-sociaux,
en créant une brigade spécifiquement dédiée à cette tâche.
Je plaide pour que les départements puissent, le plus tôt possible, prendre totalement en charge l’inspection des EHPAD. Le système actuel, basé sur
la double compétence de l’ARS et des départements, complexifie en effet
les contrôles. Cela les fait perdre en rapidité et en efficacité.
Ajouter de la vie aux années
La crise Covid a mis en évidence le manque flagrant d’agilité de l’Etat et l’embolie de notre système de santé. Puisse-t-elle au moins nous amener
à repenser une offre de soins plus pertinente, tout comme nous devons rapidement faire évoluer les mentalités sur la fin de vie.
Ce défi repose sur une prise de conscience collective, qui ne pourra faire l’économie de moyens humains et financiers massifs, en particulier pour revaloriser les métiers du soin et de l’accompagnement.
La puissance publique devra y prendre tout sa part, en continuant à
s’appuyer sur un système public-privé qui, bien encadré, a vocation
à être complémentaire et à faire progresser la qualité de l’accueil.
C’est à l’aune d’une prise en charge humanisée, ajoutant de la vie aux années et non l’inverse, que sera jugée, demain, notre capacité à bonifier le 4e âge.