« Une partie de notre histoire s'en est allée, à nous de continuer à faire vivre sa mémoire »
« C’est avec une profonde tristesse que je viens d’apprendre le décès d’Annette Cabelli, rescapée d’Auschwitz. Née en 1925 en Grèce, elle avait connu la guerre dans son pays et dès 1943, elle était contrainte de porter l’étoile.
Avec beaucoup d’émotion, Annette nous avait raconté son terrible voyage de huit jours vers le camp d’Auschwitz où sa mère avait été immédiatement gazée. Annette y était restée jusqu’en 1944 avant d’effectuer la marche de la mort jusqu’au camp de Ravensbrück, puis d’être acheminée au camp de Malchow. Après une nuit passée en forêt, elle avait découvert au réveil que les gardes allemands avaient disparu. Elle avait alors croisé des soldats russes et avait réussi à rejoindre la zone américaine avec quelques camarades de captivité.
Puis, elle avait décidé de se rendre en France où elle rencontra son mari, Harry Cabelli, lui-aussi déporté. Tous deux étaient arrivés à Paris en 1945. Elle prit alors conscience de la disparition de tous les membres de sa famille et sombra dans une grande dépression pendant plusieurs mois. Malgré le cauchemar que fut sa vie durant les plus sombres heures de l’Histoire, Annette et son mari avaient décidé que la vie serait toujours plus forte que la mort, et donnèrent naissance à deux filles.
Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me remémorer le jour où, avec Eric Ciotti, nous avions remis à Annette Cabelli la médaille du Département à l’occasion de la cérémonie du Prix Charles Gottlieb. Un jour empreint d’une grande émotion pour Annette car il était essentiel pour elle de transmettre son histoire tragique aux jeunes générations. Un devoir que le Conseil Départemental des Alpes-Maritimes s’est engagé à poursuivre dès 2003 avec l’organisation des voyages de la mémoire qui ont permis à des milliers de collégiens de se rendre à Auschwitz.
Elle a été pour les Alpes-Maritimes, avec notre regretté Charles Gottlieb, de ceux qui ont tant apporté à nos collégiens au fil de ses nombreuses participations aux voyages de la mémoire.
Dans un monde souvent en manque de repères, il est essentiel de transmettre l’Histoire dont nous sommes issus, de partager les valeurs qui forgent le pacte républicain et de se tenir éloignés des fléaux qui menacent nos sociétés.
J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches d’Annette Cabelli, à qui j’assure mon entier dévouement à faire vivre la mémoire de cette rescapée de l’horreur. »
Charles Ange Ginésy
Président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes