Editorial de Jean–Noël Prade - Adieu Paulo
Le Président du Département Charles Ange Ginésy partage l'éditorial de Jean–Noël Prade, Fondateur de la Lettre Confidentielle Gastronomique, en hommage à Paul Bocuse
Editorial de Jean–Noël Prade, Fondateur de la Lettre Confidentielle Gastronomique
Presque tout le monde t’appelait "Monsieur Paul", nous,vu l’amitié familiale, on te surnommait familièrement "Paulo".
Tu es un être hors de l’ordinaire, grand chasseur, homme de droite, tu as donné enfin les lettres de noblesse au Chefs de cuisine qui jusqu’alors étaient au second plan souvent houspillé par le patron omniprésent en salle. Ça c’est ton influence sociétale qui demeurera.
Tu étais un créateur s’inspirant des traditions (quel paradoxe difficile) comme ta fantastique soupe VGE aux truffes. Ah ta poularde demi deuil! etc.
Tu as remis à la mode le magnifique concours du Meilleur Ouvrier de France (MOF) où toute faute reste éliminatoire. A comparer avec les résultats du Bac, que tu n’avais pas, où 85% des illettrés l’ont pour le politiquement correct que tu abhorrais.
Mais ce qui était le plus précieux pour moi c’est ton empathie, ton sens de l’amitié. Je me souviens, jeune chroniqueur gastronomique, que tu m’avais amené un petit matin au Marché Gare de Lyon. Tous là-bas étaient tes vrais copains qui doivent être immensément tristes. J’avais isurvécu difficilement à cette épreuve ou tu m’avais enseigné entre autre à propos du Beaujolais: “Vite bu, Vite Pissé". Comme tu avais raison !, comme d'habitude, un petit vin agréable, rien de plus sans les chichis de la communication.
Personnellement, je me foutais comme de ma première quenelle de Nantua (pas celle de l'hotel de France) de ta vie privée et les journaleux qui insistent sur ta prétendue polygamie sont des “mange-merdes” et toi qui faisais de la cuisine suprême
Tous les cuisiniers, comme les Troisgros de Roanne et les Haeberlin d'Illhaeusern t’adoraient et te vénèrent toujours. Alors que ça balance fort dans la profession, je n’ai jamais entendu dire du mal de toi.
Peux-tu me donner ton secret car ce n’est vraiment pas mon cas?
Tu avais formidabvlement réussi aux USA avec l’association avec Disney mais tu étais humain et a eu quelques petits échecs. Comme le restaurant des 3 chefs avec tes amis Gaston Lenôtre et Roger Vergé à Orlando près de l'autoroute I 4, car Disneyworld est une planète à part, même dans le marketing gastronomique. Les Lyonnais t'adulent (Bravo l’OL pour la minute d’applaudissements), les Japonais te respectent comme l’empereur de la gastronomie, et les Français te considère toujours comme le pape de leur cuisine.
Moi j’ai simplement de la peine et de la joie. De la peine de t’avoir perdu avant de te retrouver à la meilleure table du Paradis avec mon père ton vieux pote et de la joie d’avoir connu un être exceptionnel comme toi.
Au revoir, pas Adieu mon Paulo !
Source : Rédaction Paris-soir.info