Appel du 18 juin : l'envie de mémoire
Notre pays peine aujourd'hui à faire Nation. Il peine à avancer d'un même pas en s'appuyant sur des valeurs fortes et communes. Les égoïsmes et les intérêts particuliers sont, trop souvent, devenus l'unique et misérable boussole. C'est plus que jamais dans des moments de grande confusion comme ceux-là, quand tous les repères semblent partir à vau-l'eau, que la France a besoin de liens solides ; qu'elle a besoin de se souvenir d'où elle vient pour tracer un avenir partagé, adossé à son histoire.
A ce titre, l’Appel lancé par le Général de Gaulle le 18 juin 1940 constitue toujours un marqueur capital. « Ce que veut de Gaulle dès le 18 juin, c'est d'abord délivrer la France de son propre abandon », a écrit André Malraux. Le 18 juin est l’acte fondateur de la Résistance, de tous les mouvements de résistance. Il est aussi le terreau d’un régime – la Ve République et la Constitution de 1958 – que nous a légué le Général de Gaulle.
Ce legs a résisté au temps. Il reste un ciment d’actualité sur lequel nous appuyer pour restaurer une France forte, fière d’elle-même, qui sache regarder son histoire sans s’autoflageller inutilement.
Plus les années passent et plus nous avons le devoir d’entretenir la mémoire de celles et ceux qui ont donné leur vie pour préserver notre liberté.
Les associations d’anciens combattants jouent un rôle essentiel dans cette transmission mémorielle.
C’est pour cela que le Département leur apporte, chaque année, près de 130 000 € de subventions.
La formule « devoir de mémoire », au passage, ne me convient pas tout à fait. Elle est tellement galvaudée qu’elle finit par devenir une rengaine qu’on écoute d’une oreille distraite, coquille vidée de sa substance à laquelle on ne prête plus vraiment attention. Au mot de « devoir », à la pointe sous-jacente d’obligation accomplie sans entrain, je préfère pour ma part celui « d’envie » de mémoire.
Chacun le mesure bien, nous sommes aujourd’hui à un moment charnière de l’histoire de notre pays. Nous n’avons jamais eu autant besoin de cohésion nationale, de sens collectif, pour faire corps avec un passé qui n’est certes pas parfait mais qui reste indissociable de ce que nous sommes et voulons être.
Pour aller de l’avant ensemble, il faut d’abord être capable de regarder en arrière ; capable d’embrasser une histoire commune, capable d’en concevoir une légitime fierté. Cette démarche de transmission est fondatrice.
Nous la devons à ceux qui ont permis à notre pays de rester debout. Nous la devons aussi et plus encore aux jeunes générations, comme un témoin de notre attachement à la République, à un socle de valeurs qui fait que la France ne sera jamais tout à fait un pays comme un autre et que sa seule évocation nous parcourt d’un frisson… La France, « ce cher et vieux pays recru d’épreuves », est bien davantage qu’une image d’Epinal. Elle est un être de chair, une maîtresse exigeante qui ne supporte pas les amours médiocres.
L’Appel du 18 juin 1940 vient opportunément nous rappeler que la France nous pousse à dépasser nos médiocrités, au service d’un idéal commun qui transcende le chacun pour soi.